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Sexualité cachetée

 

« Homme de 32 ans, 1m83, châtain, yeux bleus, 86kg, charmant et sportif, en fin de peine, recherche femme 20 à 35 ans pour amitié ou plus... » S’ensuivent le contact du trentenaire et son adresse en prison. Sur le site Ban Public, les détenus postent des annonces, à la recherche de correspondances amicales, et plus si affinités. Pour certains, le vrai remède au manque ne se trouve pas dans le plaisir charnel, il se transmet par les mots. Méthode plus traditionnelle, les petites annonces sont aussi postées dans Le Chasseur français, magazine centenaire traitant de chasse et pêche, mais tout aussi connu pour avoir formé de nombreux couples grâce à ses annonces. Les détenus peuvent aussi investir les pages rencontres du magazine Amina, un mensuel féminin dédié aux femmes de couleur. Éric, ancien détenu, en témoigne : « J’ai un ami qui a trouvé sa femme comme ça, ils se sont même mariés en détention ! »

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Le contrôle des courriers par les surveillants n’empêche pas les hommes et femmes détenus de développer une écriture érotique, voire pornographique. Les relecteurs, aussi appelés vaguemestres, ne réagissent pas tous de la même façon. Selon Éric, « certains s’en moquent royalement, mais il y a en a qui vont passer un après-midi entier à lire tous les courriers pour ensuite les tendre avec un grand sourire. » Vanessa, ex-détenue, témoigne de la même routine dans la prison des femmes des Rennes. Certaines surveillantes se servent des courriers pour pointer du doigt une détenue jugée « dégueulasse ».
« J’ai vraiment lu des trucs salaces », raconte Vanessa. « Je n’aurais jamais pensé que les femmes puissent s’exprimer aussi crûment que ça. » Cette écriture imagée permet aux femmes de combler un manque.

 

Vanessa côtoie beaucoup de codétenues qui trouvent du plaisir dans les échanges épistolaires. « Ça émoustille, c’est sûr, mais cela doit aussi créer de la frustration », songe-t-elle. En échangeant avec des hommes, eux-mêmes détenus, les femmes recréent parfois des liens de couple. La relation peut alors devenir source de dispute. « Une femme découvre que l’homme à qui elle écrivait échange également avec sa codétenue, et là c'est le drame », rapporte la sociologue Myriam Joël. Certaines relations resteront lettres mortes, n’aboutissant jamais à la rencontre physique tant fantasmée.

Parloirs fantômes

L'administration pénitentiaire est au courant de ces pratiques. Comme pour presque tout en matière de sexualité, elle a longtemps fermé les yeux. Pourtant, la prostitution est menacée. L’accroissement général des normes de sécurité contraint à alourdir les procédures de demande de parloir. Alors forcément, les réseaux de prostitution ont plus de mal à se développer derrière les barreaux.

 

Plus que cinq minutes. Clément a envie de pleurer, la déception est trop grande. Il redoute le "parloir fantôme". Dans le jargon carcéral, c’est quand la personne attendue pose un lapin au détenu. S'il s’agit d’une prostituée, on parle de "fille fantôme". Deux minutes. Il entend cliqueter les clefs du surveillant. Sophie ne viendra pas.

Chapitre 2

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Myriam Joël est sociologue à Paris X. Elle est la première à travailler sur la sexualité des femmes en prison. En 2017, elle publie La sexualité en prison de femmes, résultat de sa thèse soutenue en 2012.

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Retour aux portes

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Retour aux portes

Sophie devait venir à 14h. Bientôt vingt minutes de retard. Qu'a-t-il pu lui arriver ? A-t-elle oublié ? Un accident ? Clément s'inquiète. Cela fait huit mois qu'il n'a pas touché de femme. Plus que dix minutes avant la fin de son parloir. Il calcule. Si elle arrive maintenant, peut-être auront-ils le temps… Après une si longue abstinence, il est sur le point de craquer. Clément pourrait s'appeler Jean-Pierre, Denis ou Sofiane, et son histoire est celle de centaines de détenus.

 

Rendez-vous manqué

 

Certains prisonniers écroués pour proxénétisme poursuivent leur activité en prison. Sophie travaille pour l’un d’entre eux. Clément a mis plusieurs mois pour réunir l’argent nécessaire à l’obtention de la clef du nirvana. Quand on travaille en prison, on ne peut rarement espérer plus de quatre euros de l’heure. Alors pour une passe en parloir, il a dû rendre quelques services et faire un peu de trafic.

Chapitre 3

Chapitre 1

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