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Libido anesthésiée

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Chapitre 4

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Ce n’est pas le cas de tout le monde. Aurélien, aide-soignant, témoigne : « Quand on voit un couple se rapprocher et que l'on constate que l’un des deux arrête de prendre ses cachets, on comprend pourquoi ! » S’amuser, se rencontrer la nuit, ne pas respecter les règles en ayant des relations sexuelles, cela impliquait de mettre le traitement au placard.

En pleine nuit, Eugénie se réveille en sursaut. Elle sent quelque chose d’étrange sur sa peau. Elle passe la main sur son haut de pyjama. Trempé. « C’était une montée de lait ! Personne ne m’avait prévenue que mes médicaments pouvaient avoir ce genre d’effets ! »

 

Certaines maladies psychiques impliquent un traitement quotidien, à vie. Des effets secondaires pesants. Antidépresseurs, thermorégulateurs, anxyolitiques, somnifères, c’est ce que Julia avale chaque jour pour vivre “normalement”. Pour chaque médicament, il faut tester, adapter, augmenter, puis changer une fois que l’organisme ne réagit plus. Et pour chaque médicament, les effets secondaires se comptent par dizaines. La libido sort forcément diminuée de cette bataille. « C’est dur pour notre partenaire de comprendre pourquoi on n’as pas envie. Il peut facilement le prendre personnellement. Surtout à notre âge », soupire Julia. Le traitement a beau être très contraignant, la jeune femme ne saute aucune pilule de peur de perturber sa stabilisation.

Hôpital Psy  Libido anesthésiée

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« Je me suis branlé après avoir pris un antipsychotique, eh ben, j’éjaculais pas ! »

Nordine Abderrahmane travaille comme formateur pour les professionnels au CRIAVS (Centre de Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs des Violences Sexuelles). Il est également intervenant au DU de sexologie et au DU de la sexualité humaine à Lyon. 

« Je me suis branlé après avoir pris un antipsychotique, eh ben, j’éjaculais pas ! »

Pas si simple ?

 

Pour le psychiatre Emmanuel Dumas, installé à Angers, la sexualité n'est pas un élément à prendre en compte lors de la mise en place d'un traitement. Il explique que la baisse de libido peut être aussi bien provoquée par la pathologie du patient que par le médicament qu'il prend.

Il est donc compliqué de dissocier les causes. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il est très rare que l'on arrête un traitement pour cette seule raison. « Quand je parle des effets secondaires à quelqu'un de dépressif, il me répond que lui, ça fait déjà bien longtemps qu'il n'a pas envie de faire l'amour ! Évidemment, puisque la perte de désir, ce n'est qu'un des nombreux symptômes de la dépression ! », s'exclame-t-il. Avant de nuancer que ce qui reste plus pénible à vivre pour certains, c'est l'anorgasmie. C'est à dire que le patient ressent du désir, mais qu'il ne peut pas l'accomplir car il est impossible pour lui d'atteindre l'orgasme.

C'est ce que confirme Stéphane : « Je me suis branlé après avoir pris un antipsychotique, eh ben, j’éjaculais pas ! Un tout de petit cacheton de rien du tout ça a un effet énorme sur le système humain ! »

 

La peste et le choléra

 

Pour tous les traitements médicaux, un calcul coûts-avantages est opéré. Le bénéfice d’un médicament doit être supérieur aux risques qu’il provoque pour le patient. Par exemple, quand quelqu’un est atteint d’un cancer, on opte pour la chimiothérapie, même si elle implique des effets secondaires conséquents. Pour les maladies psychiques, même logique. Nordine Abderrahmane, formateur d'aides-soignants sur la gestion de la sexualité des patients, explique que lorsqu’un médecin est face à un schizophrène en crise, l’urgence est sa stabilisation. Question de priorités. Et d'équilibre, une fois le patient calmé. Jeu de funambule, les patients marchent sur un fil. D'un côté, le risque de rechute. De l'autre, une libido anesthésiée. « C’est comme choisir entre la peste et le choléra ! », s'exclame-t-il. Avant d'avertir : « Par contre, tout cela ne doit en aucun cas justifier une politique de l’autruche permettant de nier la sexualité des patients ! »

Pas si simple ?

 

Pour le psychiatre Emmanuel Dumas, installé à Angers, la sexualité n'est pas un élément à prendre en compte lors de la mise en place d'un traitement. Il explique que la baisse de libido peut être aussi bien provoquée par la pathologie du patient que par le médicament qu'il prend. Il est donc compliqué de dissocier les causes. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il est très rare que l'on arrête un traitement pour                          cette seule raison. « Quand je parle des effets secondaires                        à quelqu'un de dépressif, il me répond que lui, ça fait déjà                        bien longtemps qu'il n'a pas envie de faire                                                    l'amour ! Évidemment, puisque la perte de désir, ce n'est                          qu'un des nombreux symptômes de la dépression ! »,                                s'exclame-t-il. Avant de nuancer que ce qui reste plus                                pénible à vivre pour certains, c'est l'anorgasmie. C'est à                            dire que le patient ressent du désir, mais qu'il ne peut                              pas l'accomplir car il est impossible pour lui d'atteindre l'orgasme. C'est ce que confirme Stéphane : « Je me suis branlé après avoir pris un antipsychotique, eh ben, j’éjaculais pas ! Un tout de petit cacheton de rien du tout ça a un effet énorme sur le système humain ! »

 

La peste et le choléra

 

Pour tous les traitements médicaux, un calcul coûts-avantages est opéré. Le bénéfice d’un médicament doit être supérieur aux risques qu’il provoque pour le patient. Par exemple, quand quelqu’un est atteint d’un cancer, on opte pour la chimiothérapie, même si elle implique des effets secondaires conséquents. Pour les maladies psychiques, même logique. Nordine Abderrahmane, formateur d'aides-soignants sur la gestion de la sexualité des patients, explique que lorsqu’un médecin est face à un schizophrène en crise, l’urgence est sa stabilisation. Question de priorités. Et d'équilibre, une fois le patient calmé. Jeu de funambule, les patients marchent sur un fil. D'un côté, le risque de rechute. De l'autre, une libido anesthésiée. « C’est comme choisir entre la peste et le choléra ! », s'exclame-t-il. Avant d'avertir : « Par contre, tout cela ne doit en aucun cas justifier une politique de l’autruche permettant de nier la sexualité des patients ! »

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Chapitre 3

"La médication empêche de bander"

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